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Succès du lancement de la sonde InSight le 5 mai 2018

InSight : au-delà du brouillard

Assemblage du lanceur Atlas V 401 d'InSight
Assemblage du lanceur Atlas V 401 d'InSight
Assemblage du lanceur Atlas V 401 d'InSight
Assemblage du lanceur Atlas V 401 d'InSight
Assemblage du lanceur Atlas V 401 d'InSight
Assemblage du lanceur Atlas V 401 d'InSight

Toute mission spatiale possède une histoire longue et complexe, s’étalant parfois sur des décennies, et jalonnée d’un très grand nombre d’obstacles à franchir, techniques, scientifiques, financiers ou organisationnels. Pourtant, tout converge vers une étape critique sans quoi rien ne peut arriver, et pour laquelle les équipes ressentent une très grande fierté mêlée d'une inquiétude lancinante : le lancement.

 

La tour mobile de service brille de mille feux dans la nuit californienne, quelques heures avant le lancement (© IPGP/Philippe Labrot).La tour mobile de service brille de mille feux dans la nuit californienne, quelques heures avant le lancement. Le lanceur Atlas V n'est pas encore visible depuis cet angle de vue (© IPGP/Philippe Labrot).

Pour la mission InSight, l'implacable mécanique de précision d'United Launch Alliance (ULA), le consortium formé par Lockheed Martin et Boeing, a de nouveau fonctionné à merveille. Le 5 mai 2018 à 4h05 du matin, un lanceur Atlas V a décollé du pas de tir SLC 3 du centre spatial de Vandenberg en direction de la planète rouge, avec à son bord l'observatoire géophysique InSight et les deux nanosatellites MarCo.

Lorsque le compte à rebours s'est approché de zéro, plusieurs milliers de personnes disséminées le long de la trajectoire de la fusée au niveau de la Côte Ouest ont retenu son souffle. Nombreux sont ceux qui ont été désappointés. Au moment de la mise à feu du moteur du premier étage, le brouillard qui recouvrait Vandenberg était tellement épais que la fusée Atlas V a effectué son ascension en restant totalement invisible. Seul un rugissement qui déferlait en vagues de plus en plus puissantes vers le sol attestait que le lanceur montait inexorablement vers le ciel.

En dépit du fait que pratiquement rien n'était visible, tout s'est pourtant déroulé à la perfection. Si la réussite du lancement d'InSight est une immense récompense mêlée de soulagement pour toutes les équipes impliquées dans la mission, elle constitue aussi un formidable témoignage de l'ingéniosité et du dévouement des hommes et femmes qui travaillent pour Lockheed Martin, Boeing, l'US Air Force et la NASA, et qui sont responsables du lancement.

Le lanceur Atlas V

Si le lancement lui-même dure moins de deux heures, il faut environ une année à United Launch Alliance pour fabriquer, dans des usines réparties principalement sur le territoire américain (le moteur RD-180 du premier étage étant cependant russe), les différents composants du lanceur : le booster central formant le premier étage, l'étage supérieur Centaur, la coiffe, ainsi que les nombreux adaptateurs en forme d'anneau qui jouent le rôle d'interface entre les différents éléments. Les opérations de tir s'étalent quant à elles sur deux mois. Elles consistent à ériger, tel un mécano géant, la fusée sur le pas de tir, et à organiser tout ce qui va permettre au lancement d'être un succès, depuis la disponibilité des moyens de ciblage jusqu'à l'analyse des conditions météorologiques.

Quelques heures avant le tir, une opération visuellement très impressionnante a lieu. Il s'agit du retrait de la tour de service mobile, qui permet jusqu'au dernier moment d'effectuer des interventions sur le lanceur. Dans le cas d'InSight, le retrait, magnifié par le brouillard et l'obscurité, a été absolument spectaculaire. Avec une structure de raffinerie, la tour de service, illuminée comme un sapin de Noël, brillait de mille feux blanc et orange dans la nuit californienne. Lentement, le bâtiment rectangulaire s'est mis à glisser sur ses rails, pour dévoiler l'imposant lanceur Atlas V 401, dont la coiffe pointue arborait fièrement les couleurs de la mission. Non équipée de boosters latéraux, la fusée ressemblait à un immense crayon géant pointé vers le ciel, dont l'immobilité cachait mal son impatience. Haute de 57 mètres, la structure cylindrique blanche du lanceur était balayée par les faisceaux de projecteurs, que les militaires de l'US Air Force s'amusaient à déplacer pour faciliter les prises de vue.

Devant la complexité, aussi belle qu'intimidante, du lanceur et de ses dispositifs de support et de soutien, il est aisé de prendre conscience que l'être humain porte en lui un désir inné pour l'exploration. Cet aspect positif, lumineux, qui réside probablement au cœur de l'âme humaine, devient ici totalement évident. Comment expliquer autrement que des Hommes puissent consacrer autant de temps, d'efforts, d'argent et d'acharnement à mettre sur pied des véhicules aussi sophistiqués, vaisseaux qui, quelques minutes après leur départ, sont avalés sans possibilité de retour dans les abîmes sans fond de l'espace, pour tenter de lever le voile sur les innombrables mystères de l'Univers ou nous vivons ?

Le lanceur Atlas V dans toute sa splendeur, après le retrait de la tour de service (© IPGP/Philippe Labrot).Le lanceur Atlas V dans toute sa splendeur, après le retrait et l'arrêt de la tour de service (© IPGP/Philippe Labrot).

Go Atlas, Go Centaur, Go InSight !

Quand la sonde InSight s'est finalement envolée, le brouillard avait encore resserré son emprise sur le pas de tir, et même les caméras installées tout autour du lanceur n'ont pu obtenir une vision claire et nette du départ. C'est dans une ambiance très étrange, un peu inquiétante et déconcertante, que la fusée a débuté son vol ascensionnel. Seule l'avalanche des données télémétriques qui descendait sur les consoles des contrôleurs attestait que la fusée Atlas V faisait exactement ce pourquoi elle avait été conçue.

Le départ de la sonde InSight et des deux nanosatellites MarsCO vers Mars, alors que le lanceur Atlas V perce la couverture de nuages (© NASA/Cory Huston).Le départ de la sonde InSight et des deux nanosatellites MarCO vers Mars, alors que le lanceur Atlas V perce la couverture de nuages (© Sam Sun).Lancée en direction du sud, le booster principal constituant le premier étage a fonctionné comme prévu pendant 4 minutes, avant de donner la main à l'étage supérieur Centaur. Peu après le premier allumage du moteur RL-10C de ce dernier, la coiffe qui protégeait InSight a été éjectée, exposant pour la première fois la sonde au milieu spatial. Après pratiquement un tour complet autour de la Terre sur une orbite polaire de 180 kilomètres d'altitude environ, le moteur Centaur a été remis à feu, pour effectuer un virage vers la gauche et arracher définitivement InSight au puits gravitationnel terrestre pour l'injecter vers Mars. Les opérations de lancement ont pris fin au moment où InSight s'est séparé du lanceur. L'étage Centaur a ensuite libéré les deux nanosatellites MarCo, puis s'est perdu dans l'espace.

Accompagnée par ses deux anges gardiens, la sonde InSight vient d'entamer un long périple de six mois et demi dans l'espace interplanétaire profond. Le 26 novembre prochain, elle tentera, au cours d'une périlleuse descente de 6,5 minutes, de rejoindre la surface martienne pour effectuer sa mission : sonder les profondeurs de la planète rouge. Malgré nos connaissances de plus en plus poussée, la structure interne de Mars garde effectivement pour l'instant la plus grande partie de ses mystères. Un brouillard qu'InSight, comme au moment de son lancement, devra percer et traverser.

Dernière mise à jour : 6 mai 2018

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